L'alliance des professionnels pour un cadre de vie durable

L'alliance des professionnels pour un cadre de vie durable.

HQE en action

ACV du bâtiment

Contexte et enjeux

La démarche de qualité environnementale d’un bâtiment, engagée depuis 20 ans par les acteurs du secteur de la construction, vit actuellement une importante phase de transition vers la performance environnementale. La loi sur la transition énergétique promeut d’ailleurs la notion de haute performance environnementale. Cela implique trois changements majeurs :

  • De l’énergie aux impacts environnementaux : bâtiment à énergie positive, bas carbone, économe en ressources, recyclable, peu polluant…, la performance environnementale couvre tous ces enjeux de façon cohérente et s’assurer des non transferts de pollution.
  • De la phase usage du bâtiment à toutes les phases de leur cycle de vie : sur l’énergie, par exemple, une approche cycle de vie signifie que l’ensemble des consommations d’énergie sont prises en compte : l’énergie grise des produits et équipements de la construction mais aussi l’ensemble des consommations de la phase usage, au–delà des consommations soumises à la réglementation thermique, ainsi que celles des phases chantier et déconstruction en fin de vie du bâtiment
  • De l’évaluation des moyens à celle des résultats : grâce à l’Analyse de Cycle de Vie, l’évaluation scientifique des résultats des stratégies d’actions adoptées est rendue possible grâce à un jeu d’indicateurs chiffrés (tonnes de CO2, litres d’eau…)

L’article 181 de la loi Elan (2018) indique qu’à partir de 2020 pour toutes nouvelles constructions, un niveau d’empreinte carbone est à respecter en fonction de chaque typologie de bâtiment. Cette évaluation se fait sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. C’est une première étape pour l’utilisation à plus grande échelle de l’ACV.

Définition

L’Analyse du cycle de vie est l’outil le plus abouti en matière d’évaluation globale et multicritère des impacts environnementaux. Cette méthode normalisée permet de mesurer les effets quantifiables de produits ou de services sur l’environnement.

L’ACV recense et quantifie, tout au long de la vie des produits, les flux physiques de matière et d’énergie associés aux activités humaines. Elle en évalue les impacts potentiels puis interprète les résultats obtenus en fonction de ses objectifs initiaux. Sa robustesse est fondée sur une double approche :

Une approche « cycle de vie »

Qu’il s’agisse d’un bien, d’un service, voire d’un procédé, toutes les étapes du cycle de vie sont prises en compte pour l’inventaire de flux, « du berceau à la tombe » : extraction des matières premières énergétiques et non énergétiques nécessaires à la fabrication du produit, distribution, phases d’usage et d’entretien, collecte et élimination vers les filières de fin de vie (recyclage, mise en décharge…) ainsi que toutes les phases de transport.

Une approche « multicritère »

Une ACV se fonde sur plusieurs critères d’analyse des flux entrants et sortants. Les flux entrants représentent principalement les composants nécessaires à la fabrication du service, y compris l’énergie, les flux sortants correspondant davantage aux notions de déchets, pollutions, émissions gazeuses ou liquides… Chaque flux est quantifié, pour chaque étape du cycle, et correspond à des indicateurs d’impacts potentiels sur l’environnement. La complexité des phénomènes en jeu et de leurs interactions génère une incertitude sur la valeur réelle des impacts, c’est pourquoi on les qualifie de « potentiels ».

L’ACV est une méthode d’évaluation normalisée, développée par la normalisation internationale à partir des années 90 dans les référentiels ISO 14040 à 14044. La méthodologie a ainsi pu être harmonisée, apportant davantage de robustesse et de fiabilité aux résultats, en formalisant la communication (exigence d’une revue critique pour les ACV comparatives). L’ACV est donc une procédure, c’est-à-dire une suite d’étapes standardisées, construite en modèle mathématique de transformations permettant de faire correspondre à des flux leurs impacts environnementaux.

Les travaux de l’Alliance HQE-GBC

L’ACV et la RE2020

En 2022, la RE2020 entre en vigueur. Concrétisation de la Stratégie National Bas Carbone pour la filière de la construction et aboutissement de l’expérimentation E+C-, elle impose aux acteurs du bâtiment de maîtriser l’Analyse de Cycle de Vie qui devient désormais réglementaire pour un certain nombre d’ouvrages. Afin d’accompagner les acteurs de la filière dans leur nécessaire adaptation à cette nouvelle donne réglementaire, l’Alliance HQE-GBC publie le Guide sur la richesse de l’ACV. Ce guide a deux objectifs principaux :
  • poursuivre l’acculturation des professionnels de la filière à cet outil
  • promouvoir son aspect multicritère, c’est-à-dire la prise en compte d’impacts environnementaux au-delà des exigences sur les émissions de gaz à effet de serres de la RE2020.
L’ACV permet par exemple de s’intéresser à l’épuisement des ressources, à la pollution de l’air ou encore à la production de déchets.

ACV Neuf – E+C-

En 2016, l’Etat lance une expérimentation pour la nouvelle réglementation du bâtiment, qui allie l’énergie et l’impact du carbone : c’est l’expérimentation E+C- : énergie positive et réduction carbone. L’Alliance HQE-GBC contribue via ses travaux collaboratifs HQE Performance à cette dynamique. La méthodologie utilisée pour HQE Performance est celle de l’expérimentation E+C-. L’impact carbone est compris dans la performance environnementale des bâtiments. Il s’appuie sur la réduction des impacts environnementaux du bâtiment tout au long de son cycle de vie (de la production des composants à sa fin de vie). Cette évaluation se base sur le principe d’ACV et de la norme NF EN 15978. L’Alliance HQE-GBC suit également différents travaux au niveau européen et international sur cette dynamique. Afin d’informer ses adhérents, un groupe de travail appelé GT Indicateurs environnementaux suit ces différents projets et échange ces pratiques.

ACV Rénovation

Côté ACV rénovation, c’est en 2017 que l’Alliance HQE-GBC lance un test HQE Performance pour les bâtiments existants afin d’apporter un cadre méthodologique, basé sur la norme EN 15 978, adapté à cette typologie de bâtiment : les bâtiments rénovés, quelle que soit l’ambition de la rénovation sous la forme d’un Addendum au référentiel E+C- pour les bâtiments rénovés. Ces travaux ont permis de définir pour une première mondiale une méthode pour l’ACV des bâtiments rénovés valides à tous types de rénovation. L’ACV bâtiment rénovation peut être utilisée pour :
  • L’aide à la décision, pour choisir entre rénovation ou démolition/reconstruction ;
  • L’optimisation d’une rénovation en choisissant entre plusieurs types de rénovation ;
  • L’évaluation environnementale d’un parc de bâtiments comportant à la fois des bâtiments neufs et des bâtiments existants à rénover.
Les règles d’application d’évaluation de la performance environnementale des bâtiments existants sont une continuité de la méthode d’évaluation du référentiel « Energie – Carbone », lui-même basé sur la norme NF EN 15 978. Dans cette méthode, les impacts environnementaux des produits de construction et équipements sur leur cycle de vie ne sont pas instantanés ni phasés, mais sont lissés sur toute la durée de vie des produits et équipements, produisant un effet d’amortissement. Avec une hypothèse linéaire, si un produit a une durée de vie de X années, on amortira chaque année 1/X fois son impact environnemental sur le « total cycle de vie ». C’est une vision comptable de l’ACV : si les produits et équipements installés dans le bâtiment initial ont déjà été amortis sur la période d’étude prise en compte dans l’analyse de cycle de vie (fictive ou non) de ce bâtiment initial, ils ne doivent plus être comptabilisés. Ainsi, les impacts liés aux produits et équipements conservés et déposés lors d’une opération de réhabilitation ne sont comptabilisés que s’ils ne sont pas amortis. Les impacts environnementaux des PCE neufs et des fluides frigorigènes sont calculés comme dans le cas d’un bâtiment neuf, soit 100% des impacts.

ACV Produits – FDES et PEP

Pour éco-concevoir les bâtiments et évaluer la performance environnementale sur leur cycle de vie, il est nécessaire de connaître la performance environnementale des produits, équipements et services. Deux prérequis sont exigés :
  • la performance environnementale doit être évaluée de la même façon par tous afin d’agréger des données cohérentes. C’est tout l’intérêt des règles d’admission d’INIES qui s’appuient sur des normes et les complètent, le cas échéant ;
  • un format numérique des données pour alimenter les logiciels d’ACV Bâtiment.
La base INIES, dont l’Alliance HQE est propriétaire, répond à ce besoin en regroupant les Fiches de Déclarations Environnementales et Sanitaires (FDES) pour les produits de construction et les Profils Environnementaux Produits (PEP) pour les équipements des bâtiments ainsi que des valeurs par défaut et des données conventionnelles de service mises à disposition par l’Etat. Les FDES sont fournies par les fabricants, syndicats professionnels, centres techniques… Elles sont établies au format de la norme européenne NF EN 15804+A1 et son complément national NF EN 15804/CN pour les produits de construction depuis le 1er juillet 2014. Pour les équipements du bâtiment, les PEP ecopassport® se basent sur la norme NF XP C08- 100-1 et le PCR ed3. Ces normes fixent la méthodologie d’évaluation des indicateurs d’impact environnemental des produits de construction et équipements : consommation énergétique, réchauffement climatique, consommation de ressources, production de déchets ultimes, pollution de l’eau, de l’air…. Renseigner une telle déclaration implique de disposer d’une analyse du cycle de vie (ACV) du produit ou de l’équipement, assortie d’informations sanitaires résultant d’essais spécifiques pour les FDES. Toutes ces fiches sont vérifiées par tierce partie indépendantes (Déclaration de type III – ISO 14025).